Samonios (Samain) : célébrer le passage
Il est temps de déposer l’année écoulée. Après le bilan de l’équinoxe d’automne, vient Samonios — ou Samain —, le passage vers la nouvelle année. C’est le moment d’accueillir la force des ancêtres, la créativité, le renouveau. On se projette doucement vers l’avenir sans chercher à contrôler, simplement dans l’accueil. Célébrer ces fêtes païennes, c’est suivre le rythme vivant de la Terre, honorer les éléments et rester aligné aux cycles du monde, particulièrement changeants ces derniers temps.

Lorsque la lumière décline et que la saison claire s’efface, une ancienne invitation murmure à nos âmes : écouter le passage — non pas comme une fin, mais comme un seuil.
À Samonios, ou Samain, nous entrons dans la nuit sacrée où s’ouvre le nouveau cycle de l’année. Les voiles s’amincissent entre les mondes, et tout nous invite à ralentir, à nous recentrer, à honorer la vie dans ses transformations. C’est un moment pour laisser partir ce qui n’a plus lieu d’être, accueillir la sagesse de nos ancêtres et préparer l’espace du renouveau.
Dans cet article, je vous invite à vivre Samonios : comprendre son esprit, ressentir ses énergies, et découvrir des gestes simples pour le célébrer aujourd’hui, en accord avec les cycles vivants de la Terre.
Célébration
Samonios — la fête du passage et du renouveau
Samonios (ou Samain) signifie « réunion » ou « rassemblement ».
Je célèbre les trois nuits de Samonios autour du deuxième jour d’Atenoux du mois de Samon (voir Du calendrier gaulois à nos jours), soit les 25, 26 et 27 novembre 2025. Beaucoup fêtent Samain le 31 octobre — faites selon ce qui résonne le plus juste pour vous.
Pour ma part, je célèbre les fêtes païennes en accord avec les cycles naturels de la Lune et du Soleil. Ces célébrations ne peuvent pas être fixées sur une date précise de notre calendrier moderne : celui de nos ancêtres suivait un rythme tout autre, fondé sur l’observation du ciel, des saisons et du souffle de la Terre. C’est pourquoi je préfère les vivre selon le mouvement réel des astres : à ces moments précis, l’énergie du monde me paraît plus juste, plus vibrante, plus puissante.

Cette célébration, dont les origines remontent à l’âge du Fer, symbolise la mort de la vieille année et le renouveau des lignées, avec le retour bienveillant des esprits du clan.
C’est le moment d’honorer nos ancêtres, de nous souvenir d’eux, et d’accueillir leur sagesse dans nos vies. Il est également temps de laisser derrière nous l’année écoulée : le grand bilan ayant déjà été fait à l’équinoxe d’automne, nous pouvons à présent nous libérer de ce qui ne nous sert plus et nous ouvrir aux énergies à venir.
C’est une période propice pour travailler sur nos lignées familiales et guérir les mémoires du passé (vous pouvez me contacter pour des Constellations familiales si vous traversez une problématique tenace ou répétitive).
Enfin, Samonios est une fête lumineuse et joyeuse, emplie de gratitude.
Elle nous rappelle, dans son esprit, la fête des morts au Mexique, où la vie et la mort s’unissent dans une célébration colorée et vivante — un hommage vibrant à la continuité du cycle de la vie. Samonios est un seuil hors du temps, une respiration entre deux années, où les mondes se frôlent et se répondent
Aujourd’hui encore, lorsque nous célébrons Samonios ou Samhain, nous retrouvons cet espace sacré hors du temps chronologique.
C’est un moment pour ralentir, pour écouter le silence entre deux souffles, et sentir que dans cet intervalle fragile, le monde tout entier s’apprête à renaître.
🌿 Symboles naturels de Samonios – hier et aujourd’hui
Si les sources écrites sur les célébrations gauloises sont rares, leur vision du monde nous laisse entrevoir les symboles qui pouvaient accompagner Samonios — cette fête du passage et du renouveau.
Chez les anciens, chaque élément de la nature était porteur d’un langage sacré : le monde visible reflétait l’invisible.
Les arbres, les animaux, la terre et les astres parlaient aux hommes, et Samonios était le moment où ce dialogue devenait le plus clair.
🌳 Le règne végétal – la sagesse des arbres et des fruits
Les arbres étaient considérés comme des êtres vivants à part entière, des médiateurs entre ciel et terre.
Le chêne, arbre de la force et de la souveraineté, symbolisait la continuité du monde ; il abritait souvent les feux rituels.
L’if, sombre et immuable, veillait sur les morts : il représente la traversée et l’immortalité.
Le pommier, lié à l’Autre Monde dans les traditions celtiques, portait les fruits du passage et de la renaissance.
Enfin, le noisetier et le bouleau, souvent présents près des sources, rappelaient la clarté et la régénération.
🍎 Ces arbres et leurs fruits incarnaient la mémoire, la transformation et le retour à la vie — trois piliers du cycle de Samonios.
🐗 Le règne animal – les messagers entre les mondes
Les animaux occupaient une place essentielle dans la spiritualité gauloise.
Le corbeau et la corneille, compagnons des dieux et des guerriers, symbolisaient le passage de l’âme et la clairvoyance.
Le cerf, lié au dieu Cernunnos, représentait la fertilité et la puissance des cycles naturels ; ses bois qui tombent et repoussent rappelaient la mort et la renaissance.
Le sanglier, animal solaire et totem de courage, était honoré dans les banquets rituels.
La chouette, silencieuse et nocturne, gardienne du mystère, incarnait la sagesse dans l’obscurité.
🕊️ Ces animaux étaient les guides du seuil — ceux qui accompagnent le monde visible vers l’invisible.
💎 La terre et les éléments – l’ancrage et le feu sacré
Samonios appartient à la saison sombre : la terre s’endort, les graines reposent, et le feu devient le centre du foyer.
Les Gaulois allumaient un feu nouveau après avoir éteint les anciens, symbole de purification et de renaissance.
Les métaux et minéraux associés à ces gestes étaient le fer, le bronze et parfois le charbon, signes de transformation et de puissance solaire.
Aujourd’hui, on peut s’inspirer de ces symboles en plaçant sur son autel des pierres sombres (obsidienne, basalte, onyx) ou des éléments de terre et de bois.
🔥 Le feu de Samonios éclaire l’obscurité du monde, comme la conscience éclaire la nuit intérieure.
🌗 Symboles contemporains – entre continuité et réinvention
De nombreuses traditions modernes ont intégré à Samonios d’autres symboles, inspirés des cycles agricoles et des coutumes populaires :
les courges, pommes, noix ou fruits secs rappellent la dernière récolte et la gratitude envers la Terre.
Les bougies et lanternes perpétuent le feu sacré sous une forme domestique et poétique.
Même si certaines de ces plantes (comme la citrouille ou la pomme de terre) n’existaient pas dans l’Europe gauloise, elles gardent aujourd’hui le même sens symbolique :
honorer la lumière, célébrer l’abondance, accompagner le passage entre ombre et clarté.
✨ Célébrer Samonios aujourd’hui, c’est renouer avec ce lien vivant : le même souffle anime la nature et nos propres cycles intérieurs.
Cérémonie
✨ Transition – Introduction aux trois nuits de Samonios
Au cœur de cette fête du passage, trois nuits sacrées rythmaient autrefois le temps de Samonios.
Elles marquaient le seuil entre l’année ancienne et la nouvelle, entre le monde visible et celui des esprits.
Les Gaulois les nommaient Trinox Samonii — les trois nuits de Samonios — et les vivaient comme un rite de transformation, une traversée à la fois cosmique et intime.
Aujourd’hui encore, nous pouvons ressentir ce même mouvement :
celui d’un monde qui s’endort pour renaître autrement,
celui d’un feu qui s’éteint pour se rallumer plus pur.
Ces trois nuits nous invitent à ralentir, à écouter les cycles du vivant,
et à célébrer, dans la simplicité, le grand passage du temps et de l’âme.
🌒 Les trois nuits de Samonios
Dans le calendrier gaulois, Samonios s’étendait sur trois nuits sacrées, appelées Trinox Samonii.
C’était un temps de passage entre deux mondes, où l’année ancienne s’achevait et la nouvelle prenait souffle.
Les Gaulois honoraient ce moment par des rites de feu, d’offrandes et de banquet, mêlant purification, mémoire et renouveau.

Le feu ancien était éteint dans les foyers avant d’être rallumé à partir d’un feu sacré, symbole du retour de la lumière.
Les banquets rassemblaient la communauté autour du souvenir des ancêtres et des divinités protectrices.
On déposait des offrandes dans les sources, les clairières ou les feux, pour renouveler l’alliance avec la Terre et les puissances invisibles.
Et durant ces nuits, on pratiquait aussi la divination, car le voile entre les mondes devenait mince : les songes, les présages, la voix des anciens étaient écoutés.
Ainsi, le Trinox Samonii n’était pas seulement une fête : c’était un rite cosmique, un battement du monde.
À travers ces trois nuits, les Gaulois rejouaient le grand mystère du cycle : mourir, rêver, renaître. Aujourd’hui, nous ne vivons plus dans le même monde, mais l’esprit de Samonios demeure.
Ces trois nuits peuvent redevenir un rite intérieur et symbolique, un espace pour ralentir, écouter et se relier aux cycles vivants de la Terre.
🌑 Première nuit – Laisser partir
La première nuit honorait les forces du passé et la mémoire des ancêtres. Cette nuit marque la fin du cycle ancien.
Prenez un moment pour faire le point sur l’année écoulée avec beaucoup de gratitude: ce que vous laissez partir, ce que vous avez appris, ce que vous souhaitez libérer.
Vous pouvez écrire ces mots sur un papier et les brûler avec une flamme de bougie, en conscience.
Honorez vos ancêtres — une photo, un objet, une pensée suffisent. Faites des offrandes à la terre et à vos ancêtres. Puis à la fin de la soirée éteignez la bougie avec la conscience qu’en soufflant la flamme vous laissez partir l’année écoulée et ce qui n’a plus lieu d’être.
🔸 Comme les Gaulois éteignaient leurs feux, nous laissons s’éteindre ce qui n’a plus lieu d’être.
🌒 Deuxième nuit – Traverser
La deuxième était celle du voile, de la traversée et du contact avec l’invisible. Cette nuit appartient au mystère.
Offrez-vous un moment de silence, de méditation, ou de contemplation. Allumez une bougie neuve consacrée à l’année à venir qui brûlera pendant au moins 36h
Écoutez vos rêves, vos intuitions, ou tirez une carte symbolique pour éclairer votre passage. C’est la nuit de l’invocation des ancêtres.
Les anciens observaient le feu ou l’eau pour lire les signes : nous pouvons, à notre manière, écouter les messages du monde subtil. Nous pouvons effectuer cette traversée par une promenade nocturne en conscience.
🔸 Entre l’ombre et la lumière, le monde retient son souffle — et nous avec lui.
🌕 Troisième nuit – Renaître
La troisième célébrait le renouveau, la lumière du feu sacré et la promesse du retour de la vie. La dernière nuit ouvre le nouveau cycle.
Formulez une intention claire pour l’année à venir : un mot, une phrase, une vision.
Puis partagez votre flamme de l’année autour d’un repas en conscience, seul(e) ou entouré(e) de proches, dans la gratitude et la joie.
🔸 Comme les anciens partageaient le feu du monde, nous partageons aujourd’hui celui du cœur.
🌗 Vivre Samonios aujourd’hui
Les trois nuits de Samonios sont une invitation à vivre le passage :
à laisser mourir ce qui pèse, à traverser dans la conscience, et à renaître dans la lumière. Ces gestes, simples et sincères, nous reconnectent à la Terre, aux ancêtres et à la sagesse du cycle.
Peu importe la forme que vous leur donnez — l’essentiel est d’y mettre présence et intention.
Ces mots sont nés d’une recherche sincère, entre mémoire et ressenti, entre histoire et intuition.
Les fêtes païennes nous parviennent comme des échos lointains, murmurés d’âge en âge,
et chacun de nous les réveille à sa manière, avec son cœur et sa vérité. Je vous souhaite une belle célébration de Samonios, que la flamme de vos ancêtres éclaire votre passage et ravive la lumière en vous.
À lire ou à relire:
- L’Essence de Samonios/Un temps hors du temps
- Imbiuolcaia (seconde lune noire après le solstice)
- L’Essence d’Imbiuolcaia/Le réveil de la Déesse Mère
- Un rituel pour Imbiuolcaia
- Équinoxe de Printemps (du 19 au 21 Mars)
- Genimalacta/Yule (entre le 20 et 23 décembre)
- L’Essence de Genimalacta/La naissance du Soleil